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C’est précisément parce qu’ils demeurent hommes que le poète leur donne un premier paradis qui n’est qu’une terre sans intempéries. Il ne pouvait en imaginer un autre et n’en avait nulle envie. Si leur voluptueuse oisiveté finit par les lasser, c’est précisément encore parce qu’ils sont hommes, et qu’à ce titre Faustus se sent tourmenté par la curiosité. Pascal n’entend pas satisfaire en eux cette curiosité tout entière ; il leur explique pourquoi ils ne peuvent savoir. Bref, M. Sully-Prudhomme n’a nullement voulu dénaturer et diviniser ses héros dans cette première étape d’outre-tombe. C’est seulement après l’achèvement de leur destinée humaine par le sacrifice qui leur prouve leur valeur morale, qu’ils dépouillent leur matérialité pour entrer dans le dernier paradis, dont le poète se résigne à ne se faire qu’une très vague idée…

— Mais alors, pourquoi l’aventure de Faustus et de Stella ne se passe-t-elle pas tout simplement sur la terre ?

Enfin, voyez vous-même dans quelle mesure ces rectifications et ces explications doivent modifier l’impression que m’avait laissée le poème. Si elles ne peuvent en augmenter beaucoup la beauté poétique et plastique, elles lui restituent du moins toute sa beauté logique et de construction, si je puis dire.