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la joie plus haute de connaître la vérité. Quelle vérité ? — C’est, hélas ! la même histoire que dans la première partie du poème. Faustus jouissait comme nous jouissons : il sait ici ce que nous savons, et le poète ne pouvait, en effet, que lui prêter une science humaine. Il sait ce qu’ont pensé et découvert les philosophes anciens et modernes, d’Empédocle à Schopenhauer, et d’Euclide à Claude Bernard. C’est beaucoup, et c’est peu. Pascal, qu’il retrouve dans son froid paradis, a beau lui dire : « Ne cherche pas davantage ; l’homme, dans cette vie nouvelle, connaît tout, hormis la cause première :

  La cause où la nature entière est contenue
  Outrepasse la sphère où l’homme est circonscrit,
  Elle est l’inabordable et dernière inconnue
  Du problème imposé par le monde à l’esprit. »

Il est bon, là, Pascal ! Mais c’est justement cette « dernière inconnue » que nous voudrions saisir. Je dirais presque : — Qu’importe que nous connaissions plus ou moins complètement la série des causes secondes, si la cause première doit nous échapper à jamais ? M. Sully-Prudhomme accorde la science parfaite à Faustus, et, dans le même temps, il lui interdit (forcément) la seule notion qui constituerait la science parfaite.

À part cette inconséquence, — d’ailleurs inévitable comme toutes les autres, — les trois grands morceaux sur la Philosophie antique, sur la Philosophie