Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée

sations et les sentiments qu’éveille en lui la musique de Beethoven ou de Schumann, et se contente d’ajouter que Stella chante mieux que le rossignol, et que la musique du paradis est encore plus belle que celle des concerts Lamoureux. Même on peut trouver qu’il abuse quelque peu (mais c’est ici franchise et non rhétorique) de l’exclamation, de l’interrogation et de la prétérition :

  Elle chante. Ô merveille ! ô fête ! Hélas ! quels mots
  Seront jamais d’un chant les fidèles échos ?
  Quels vers diront du sien l’indicible harmonie ?
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Car dans l’air d’ici-bas que seul nous connaissons,
  Jamais pareils transports n’émurent pareils sons.
  Ah ! ton art est cruel, misérable poète !
  Nul objet n’a vraiment la forme qu’il lui prête ;
  Ta muse s’évertue en vain à les saisir.
  Les mots n’existent pas que poursuit ton désir.

Vous le voyez. Habemus confitentem. Il renonce à décrire une autre musique que celle de la terre : n’est-ce point parce qu’il ne saurait, en effet, en concevoir une autre ?

De même, enfin, c’est bien l’amour terrestre que connaissent ses deux bienheureux. Il nous affirme que leur amour est plus épuré. N’en croyez rien. C’est bien le même, puisqu’il n’y en a pas deux. Tout ce qu’il trouve à dire, c’est que, leur âme étant « vêtue d’une chair éthérée », l’amour de Faustus et de Stella est affranchi de la pudeur. Mais cela même est une imagination terrestre : l’amour de Daphnis