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de Talleyrand, de Roederer, de Lafayette, etc.), ce mot n’est point pour lui la preuve unique, mais simplement une confirmation de ce qu’il croit et sent être la vérité.

Puis, le témoignage de Mme de Rémusat n’est peut-être pas aussi suspect, aussi partial, aussi calomnieux qu’on le prétend. L’empereur, dit-on, lui avait fait une injure que les femmes ne pardonnent point. L’auteur des Mémoires est une femme dédaignée et qui se venge. De plus, nous n’avons de ces Mémoires qu’une seconde rédaction, et qui date de 1817, d’une époque où il était utile de penser et de dire du mal du demi-dieu déchu. — Mais, d’abord, il n’est nullement prouvé que Mme de Rémusat eût contre l’empereur le genre de griefs qu’on a dit : ce n’est qu’une supposition de notre malignité. Et quand même ici cette malignité aurait raison, s’ensuit-il nécessairement que les Mémoires de cette aimable femme soient une œuvre de rancune longuement recuite ? Je n’ai pas du tout cette impression.

On reconnaît, à un accent qui ne trompe pas, qu’elle a commencé par admirer sincèrement l’empereur et qu’elle ne s’est détachée de lui que lentement et malgré elle, à mesure que se découvrait la vraie nature de ce terrible homme. Qu’il l’ait un jour blessée dans son amour-propre de femme, c’est ce que nous ne saurons jamais ; mais, dans tous les cas, cette blessure dut être assez vite cicatrisée :