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eût été inhumé au Panthéon, le seul dont les oeuvres posthumes eussent eu les honneurs d’une récitation publique à la Comédie-Française.

Tout cela veut dire qu’aux yeux de nos gouvernants Victor Hugo est à part dans notre littérature, qu’il est le poète national, le grand, l’unique, enfin qu’« il n’y a que lui. »

Eh bien ! ce n’est pas vrai, il n’y a pas que lui ! C’est trop d’injustice, à la fin ! Pourquoi ce traitement spécial ? Pourquoi cette immortalité hors classe ? À qui vont ces hommages exorbitants ? Est-ce à l’auteur dramatique ? Est-ce à l’écrivain populaire ? Est-ce au poète ? Est-ce au penseur ? Est-ce à l’homme ?

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Ce ne peut être à l’auteur dramatique. Là-dessus, presque tout le monde sera d’accord. Si miraculeusement versifié qu’il soit et quelque plaisir qu’il nous donne à la lecture, ce n’est pas le théâtre de Victor Hugo qui peut justifier ces honneurs extraordinaires. Dès qu’on essaye de les « réaliser » sur la scène, de donner un corps à ces froides et éclatantes chimères, les drames de Hugo sonnent si faux que c’est une douleur de les entendre. Ou plutôt, tranchons le mot, ils ennuient le public, — et la foule aussi bien que les lettrés. Nous l’avons bien vu quand on a repris le Roi s’amuse et Marion Delorme. Il ne