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Corneille, de tous ceux enfin qui ont le mieux su le verbe classique. Au delà de sa rhétorique, il n’y a rien… On peut dire en un sens qu’il ferme un cycle. Il est très grand. S’il ne l’est pas par la pensée, il y a cependant en lui plus de substance que je n’ai affecté d’en voir ; seulement c’est, si je puis dire, son imagination et sa rhétorique qui lui ont créé sa pensée.

D’abord, et par la force des choses, il lui est arrivé, aussi souvent qu’aux plus grands des classiques, d’exprimer, selon la définition de Nisard, des idées générales sous une forme souveraine et définitive (laquelle d’ailleurs, quoique définitive, peut toujours être renouvelée). Je n’ai pas à feuilleter longtemps Toute la Lyre pour y rencontrer ces « vers dorés » :

  Sers celui qui te sert, car il te vaut peut-être ;
  Pense qu’il a son droit comme toi ton devoir ;
  Ménage les petits, les faibles. Sois le maître
             Que tu voudrais avoir.

Et ceux-ci, aux fils dont les pères ont été glorieux :

  Soyez nobles, loyaux et vaillants entre tous ;
  Car vos noms sont si grands qu’ils ne sont pas à vous.
  Tout passant peut venir vous en demander compte.
  Ils sont notre trésor dans nos moments de honte,
  Dans nos abaissements et dans nos abandons :
  C’est vous qui les portez, c’est nous qui les gardons.

Il est évident qu’il n’y a rien de mieux dans Juvé-