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ches redites, la puissance du verbe reste égale, si même elle ne va croissant. La pièce qui ouvre Toute la Lyre, et qui en rappelle quinze ou vingt autres, est peut-être la plus magistrale et la plus complète que Hugo ait écrite sur la Révolution. Quelques-uns des paysages qui viennent ensuite sont de purs chefs-d’œuvre. Il y a aussi deux ou trois poésies d’amour qui égalent les plus belles des Contemplations. Il m’est impossible de voir en quoi l’Idylle de Floriane est inférieure à n’importe quel morceau des Chansons des rues et des bois, ni en quoi la dernière partie, la Corde d’airain, diffère de l’Année terrible. Des « copeaux », cela ? Mon ami est impertinent. Ce sont du moins, dirait le poète, les copeaux de la massue d’Hercule. Non, non, quand les éditeurs nous annoncent Toute la Lyre, ne lisez pas : Tout le tiroir ! Mon ami avait raison de dire que, s’il me plaisait de mal parler de Hugo, je devais prendre son œuvre entière. Mais c’est bien ce que j’ai fait, tout en ayant l’air de ne viser que son dernier volume ; et je n’aurais pu faire autrement quand je l’eusse voulu.

— Pourtant, répondrez-vous, il faut distinguer dans l’œuvre de Hugo. Elle n’est point partout si exactement semblable à elle-même. Il y a encore de braves gens qui disent : « Oh ! Moïse sur le Nil ! Oh ! le Chant de fête de Néron ! … Mais, Monsieur, ne trouvez-vous pas qu’il y ait déjà du mauvais goût dans les Orientales ? » Et d’autres, au contraire : « Il est certain qu’il y eut d’abord chez Hugo, de l’Écou-