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prendre ; puis le sens échappe. C’est qu’il n’y a rien à comprendre — sinon que le diable est toujours méchant quoi qu’il fasse, et qu’il ne faut pas l’écouter, et qu’il ne faut pas l’aimer, encore que cela soit bien tentant…

Si les récits sont vagues, que dirons-nous des simples notations d’impressions ? Car c’est à cela que se réduit de plus en plus la poésie de M. Paul Verlaine. Lisez Kaléidoscope :

  Dans une rue, au cœur d’une ville de rêve,
  Ce sera comme quand on a déjà vécu ;
  Un instant à la fois très vague et très aigu…
  Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !

  Ô ce cri sur la mer, cette voix dans les bois !
  Ce sera comme quand on ignore des causes :
  Un lent réveil après bien des métempsycoses ;
  Les choses seront plus les mêmes qu’autrefois

  Dans cette rue, au cœur de la ville magique
  Où des orgues moudront des gigues dans les soirs,
  Où des cafés auront des chats sur les dressoirs,
  Et que traverseront des bandes de musique.

 Ce sera si fatal qu’on en croira mourir…

Vraiment, ce sont là des séries de mots comme on en forme en rêve… Vous avez dû remarquer ? Quelquefois, en dormant, on compose et l’on récite des vers que l’on comprend, et que l’on trouve admirables. Quand, d’aventure, on se les rappelle encore au réveil, plus rien…, l’idée s’est évanouie. C’est