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célèbre à l’École normale : « Messieurs, il y a dans votre préparation des lacunes dont il faudrait combler l’absence. »

Voici des mots inventés, peut-être inutilement : «… un paresseux lazzaronisme d’âme[1], » — « notes trémolantes[2], » — « obscurant le public[3], » — « nuits insomnieuses[4], » — « arrivée à une entière déréliction[5]. » À quoi bon ces mots nouveaux ? C’est que les auteurs, en proie à cette inquiétude, à ce désir inassouvissable d’une expression égale à leur impression, ont trouvé (là est l’affectation) que les mots connus étaient usés, n’accrochaient pas assez l’attention, et aussi (là est la part de sincérité) que ces mots ne rendaient pas tout ce qu’ils voulaient. Trémolantes est une expression musicale, ne peut s’appliquer qu’à des sons, tremblantes peut s’appliquer à tout. Il y a dans lazzaronisme d’âme une image, et une image italienne, qui n’est pas dans nonchalance ou paresse. Obscurant ne pourrait être remplacé que par plusieurs mots. Sans sommeil n’a pas l’harmonie un peu triste de insomnieuses. Déréliction est une espèce de superlatif, implique quelque chose de désespéré qui n’est pas dans solitude ou abandon. J’entre autant que je puis dans la pensée de l’écrivain ; mais, si je devine ses raisons, elles ne me convainquent qu’à moitié.

  1. Madame Gervaisais, p. 37.
  2. Ibid., p. 83.
  3. Ibid., p. 87.
  4. Ibid., p. 254.
  5. Ibid., p. 272.