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Renée a pour frère un jeune doctrinaire aux ambitions froides avec qui elle fait un joli contraste. Elle ne peut souffrir que ce jeune homme très fort change le nom de son père contre un titre acheté, afin de faire un riche mariage ; elle découvre en outre qu’il a eu pour maîtresse la mère de la jeune fille qu’il doit épouser. En voulant empêcher ce mariage, elle devient la cause involontaire de la mort de Henri et, brisée par de si fortes émotions, meurt lentement d’une maladie de coeur.

Germinie Lacerteux, une fille de paysans, venue à Paris après une enfance misérable, a été violée à quinze ans par un garçon de café. Elle est entrée comme servante chez une vieille demoiselle à qui elle se dévoue corps et âme. Un grand cœur, des sens détraqués et exigeants, une tête faible, voilà Germinie. Après plusieurs années de vertu, elle est prise d’une rage d’amour ; elle se dépouille et s’endette pour un jeune polisson du faubourg qui l’exploite et la maltraite de mille façons et l’abandonne enfin. Puis ce sont de frénétiques amours avec un ouvrier ivrogne et loustic. Puis c’est la prostitution aveugle et béante, en quête du premier venu, la rage suprême et toute bestiale de l’hystérie. Et au milieu de tout cela, la malheureuse garde son cœur d’or, continue de soigner sa vieille maîtresse avec idolâtrie, parvient à lui tout cacher. Et elle va ainsi, en proie à son corps, jusqu’à ce que la délivrance lui vienne dans un lit d’hôpital.

S’il est peu de romans plus brutaux que Germinie,