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qu’il continue d’être élégant, grave et languissant, de nous dessiner d’exquises figures de femmes (comme Thérèse de Sauves, Hélène Chazel et les deux Marie-Alice, ou comme Hubert Liauran, cette douce petite fille) et d’étudier les drames de la conscience dans l’amour. Et, s’il n’était indiscret et inutile de former des voeux, j’ajouterais : Qu’il nous propose encore, si tel est son plaisir, des cas de psychologie passionnelle ; mais qu’il ne s’y tienne pas : il serait bientôt condamné à se répéter un peu. Puis, les tragédies de l’amour occupent-elles donc toute la place dans la vie ? Regardez, de grâce, en vous et autour de vous : vous verrez qu’il y a autre chose au monde. M. Paul Bourget l’a bien senti dans André Cornélis ; mais ce ne sont pas des « planches d’anatomie » pure, surtout d’une anatomie si exceptionnelle, que nous lui demandons. Qu’il se défie de son éternel Stendhal et même un peu de M. Taine. Qu’il applique à l’analyse d’autres passions que celles de l’amour, à l’étude d’autres situations que celles où nous pouvons nous trouver vis-à-vis de la femme, ses dons merveilleux de psychologue et à la fois de moraliste. Et qu’il fasse enfin l’univers de ses romans aussi large que celui de ses Essais. Je ne demande rien de plus à ce jeune sage, prince de la jeunesse — de la jeunesse d’un siècle très vieux.


FIN