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la conscience, des histoires de scrupules, de remords, de repentirs, d’expiations et de purifications. L’Irréparable, c’est l’histoire d’une jeune fille qui meurt du souvenir d’une souillure. Le Deuxième Amour, c’est l’histoire d’une femme qui, s’étant trompée, ne se croit pas le droit de recommencer l’expérience amoureuse. Cruelle Énigme, ce titre seul fait du livre qui le porte un roman chrétien ; car, que Thérèse trompe Hubert en l’aimant, et qu’Hubert revienne à Thérèse en la méprisant, bref, que la chair soit plus forte que l’esprit, cela n’est certes pas une « énigme » pour les disciples de Béranger ni même pour ceux du grave Lucrèce. M. Paul Bourget ne trouve les servitudes de la chair « énigmatiques » que parce qu’il les juge infâmes et avilissantes, et il ne les juge telles que parce qu’il est chrétien tout au fond du cœur.

De même, dans Crime d’amour, ce que fait de Querne n’est un « crime » qu’aux yeux d’un homme qui croit à la responsabilité morale et au prix des âmes. Armand de Querne, le cœur desséché par une enfance sans mère, par l’immoralité des événements au milieu desquels il a grandi et enfin par l’abus de l’analyse, a pris Hélène sans pouvoir l’aimer et sans croire à la pureté de la jeune femme. Hélène, délaissée, se venge de lui par une souillure volontaire. C’est donc lui qui l’a perdue. Cette idée lui inspire un grand trouble, d’affreux remords et enfin une immense pitié de l’universelle souffrance humaine. Il retrouve Hélène ; il lui demande son pardon, et elle