Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/347

Cette page n’a pas encore été corrigée

éclair : «… L’amour seul est demeuré irréductible, comme la mort, aux conventions humaines. Il est sauvage et libre, malgré les codes et les modes. La femme qui se déshabille pour se donner à un homme dépouille avec ses vêtements toute sa personne sociale ; elle redevient pour celui qu’elle aime ce qu’il redevient, lui aussi, pour elle : la créature naturelle et solitaire dont aucune protection ne garantit le bonheur, dont aucun édit ne saurait écarter le malheur. » Je suis ravi de cette beauté de pensée et de forme ; mais je tourne la page et j’y trouve une « floraison » ou un « avortement » qui « dérive » d’une certaine qualité d’amour. J’y trouve que « la Dame » est un être supérieur et charmant, « fait de sécurité inébranlable », comme si la sécurité était dans la dame et non pas dans l’adorateur. Ou bien ce sont des afféteries de langage pâmé : « Que faire là contre ? S’agenouiller devant la sœur douloureuse et l’adorer d’être douloureuse… »

Ces choses-là me désolent, et mon embarras redouble… L’intelligence la plus pénétrante et la plus vigoureuse, et avec cela des langueurs morbides, du pédantisme aussi, et certaines prédilections intellectuelles qui ressemblent à de la superstition, et un goût de certaines élégances qu’on prendrait presque pour du snobisme… : comment voir clair dans tout cela ?