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et Pécuchet qui, étudiant certains cultes hardis de l’antiquité, voient, partout des symboles obscènes, et jusque dans les brancards des charrettes normandes. Passe si ces images, encore que trop multipliées, n’étaient, chez M. Richepin, que voluptueuses ; mais, tandis qu’il les détaille, elles deviennent toujours et invinciblement grossières, viles, choquantes même aux yeux les plus païens du monde. La Nature, la Mer et la Nuit ne sont plus des déesses, mais des Macettes, des « gueuses » encore, dont il nous décrit l’anatomie de vieilles et l’abominable pantomime. L’univers tout entier lui apparaît, non pas même comme un musée secret, mais comme une maison Tellier. C’est un cas de jaunisse lyrique — et touranienne, l’indécence étant pour lui une des formes nécessaires du touranisme. Ce poète voit obscène. Je ne dirai pas où et dans quoi le coeur lui est descendu.


IV

Ce sont là de mauvaises conditions pour être ému et pour émouvoir. Qui donc a dit de Panurge qu’il semblait né de l’hymen d’une bouteille et d’un jambon ? Point de tendresse, point de larmes dans l’œuvre de M. Richepin[1]. De psychologie, tout juste ce qu’il en faut à un poète lyrique : même dans

  1. Je ne parle pas de Braves gens, et je ne prétends pas, du reste, que M. Richepin ait dit son dernier mot.