Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/340

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’effort des poèmes cosmogoniques de la fin : le Sel, la Gloire de l’eau, la Mort de la mer. Qu’y manque-t-il ? Je ne sais quoi, un rien. On y voudrait plus de simplicité. On sent trop que, dans la pensée même de l’auteur, ce sont surtout des « morceaux » difficiles, des tours de force de poésie lyrico-scientifique. Ces poèmes ont aussi le tort de faire songer à M. Camille Flammarion autant qu’à Lucrèce. Avec cela je ne sais aucun poète capable, à l’heure où nous sommes, de pareilles poussées de vers alexandrins et autres.

Mais que de rhétorique encore, et qui n’est qu’amusante ! (Notez que cela est quelque chose et qu’en tout ceci, tandis que je parais condamner et juger, je ne fais que constater et définir.) Les Litanies de la mer, où le poète parvient à appliquer à la mer toutes les invocations des litanies de la sainte Vierge, n’est qu’un jeu byzantin, une surprenante « réussite » lyrique, une « patience » qui finit par mettre la nôtre à une rude épreuve. L’ode sur les Algues, qui s’ouvre de façon grandiose et somptueuse, finit, si je puis dire, en queue oratoire, par la figure que les professeurs nomment prétérition. « Comment dire tout cela, ô poète ? s’écrie M. Richepin, et d’ailleurs à quoi bon ? »

  Rentre sous les communs niveaux,
  Lamentable Orphée en délire
  Qui veut toucher la grande lyre
  Et pour auditeurs dois élire,
  En place de tigres, des veaux.

Patatras ! C’est la chute d’Icare. Et quelle idée bis-