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prince des « merligodgiers », et il est tout gonflé de son lait. Il n’y a guère d’écrivain dans ce siècle chez qui abondent à ce point les réminiscences ou même les imitations de la littérature classique, grecque, latine et française. Vous trouverez dans la Chanson des Gueux, parmi les tableaux crapuleux, au milieu des couplets d’infâme argot où les rimes sonnent comme des hoquets d’ivrognes, de petites pièces qui fleurent l’anthologie grecque. Un mot du divin Platon, cité en grec, revient dans le refrain d’une chanson philosophique qui explique que « nous sommes des animaux » et que la suprême sagesse est de vivre comme un porc. Sept épigraphes grecques précèdent les alexandrins où le poète célèbre la vieillesse honorée d’un Nestor casqué de soie. Dans les Blasphèmes, vous rencontrerez des souvenirs directs de Lucrèce, de Pline l’Ancien et de Juvénal (je ne parle pas des réminiscences de Musset et de Hugo), et dans la Mer, des morceaux de poésie didactique et descriptive qui vous feront songer, selon votre humeur, soit au Virgile des Géorgiques, soit à l’abbé Delille. Décidément il reste sensible que Hohaul, fils de Braguli et petit-fils de Rivno, a passé par l’École normale. Surtout M. Jean Richepin reste tout imprégné de Villon, de Marot, de Rabelais, de Régnier. Il reprend beaucoup de leurs vocables oubliés. Il y ajoute des mots populaires ou des mots spéciaux empruntés à la langue des divers métiers. Il se compose ainsi un immense vocabulaire, fortement bariolé et médiocrement homogène. S’il vous faut un