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des boules de métal ; poignards en fer-blanc et boules creuses, mais qui luisent et qui sonnent.


I

La carrière littéraire de M. Jean Richepin a été jusqu’ici des plus bruyantes et des plus singulières. Élève de l’École normale, fort en grec, fort en vers latins, fort en thème, fort en tout, à peu près aussi muni de diplômes qu’il se puisse, ce nourrisson de l’Université débute par un livre de vers où il célèbre les mendiants, les escarpes et les souteneurs, et où « les bornes de l’austère pudeur » sont passées à fond de train. Sur quoi, le chantre des gueux fut condamné par la justice de son pays à trente jours de prison, ce qui était parfaitement stupide, car les vers étaient de main d’ouvrier, hardis et drus, mais non pas obscènes. Et, depuis, on en a laissé passer bien d’autres. — Puis, comme le genre macabre paraît toujours aux esprits jeunes le comble de l’originalité, M. Jean Richepin donne les Morts bizarres — bizarres, en effet, et dont plusieurs semblent les inventions d’un Edgard Poe fumiste. Mais sa plus grande joie, c’est d’être un mâle et de le montrer. Ses Caresses sont assurément, de tous les poèmes qu’on ait écrits, ceux où les reins jouent le rôle le plus considérable. — Puis il tente le théâtre, et ce mâle nous montre une femelle, la Glu, une goule qui mange un