Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

JEAN RICHEPIN[1]


Tel littérateur est un orfèvre, tel autre est un peintre, tel autre un musicien, tel autre un ébéniste ou un parfumeur. Il y a des écrivains qui sont des prêtres ; il y en a qui sont des filles. J’en sais qui sont des princes, et j’en sais beaucoup plus qui sont des épiciers. M. Jean Richepin est un écuyer de cirque, ou plutôt un beau saltimbanque — non pas un de ces pauvres merlifiches, hâves, décharnés, lamentables sous leurs paillons dédorés, les épaules étroites, les omoplates perçant le maillot de coton rosâtre étoilé de reprises, — mais un vrai roi de Bohême, le torse large, les lèvres rouges, la peau ambrée, les yeux de vieil or, les lourds cheveux noirs cerclés d’or, costumé d’or et de velours, fier, cambré, les biceps roulants, jonglant d’un air inspiré avec des poignards et

  1. La Chanson des Gueux, les Caresses, les Blasphèmes, la Mer, Madame André, la Glu, Miarka la fille à l’ourse, Quatre petits romans, les Morts bizarres, le Pavé, Nana-Sahib. — Maurice Dreyfous.