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mour, sont peut-être la partie la plus originale de son œuvre. Il est impossible d’apporter à l’étude de ces questions plus de raison, de délicatesse et d’esprit, ni une expérience plus consommée et un plus grand amour de son sujet. M. Fouquier aime l’amour. Cela n’est plus si commun à l’heure qu’il est ! Car, songez-y, l’amour s’en va. Ce qui en reste s’est étrangement gâté : s’il n’est brutal et plat, il est maladif et pervers. Nestor et Colombine (M. Henry Fouquier écrit au Gil Blas sous ces deux noms) ont à la fois, sur l’amour, les idées des premiers hommes et celles des délicieux Français du XVIIIe siècle. Et voyez comme ces pseudonymes sont bien choisis : l’un, représentant le naturalisme grec ; l’autre, la tendresse coquette des marquises que Watteau embarque pour Cythère.

Plus je deviens vieux, dit le Nestor du Gil Blas, plus je pardonne à l’amour. Amour coup de foudre, amour-passion, amour-caprice, amour-galanterie, tous les amours que ce grand fendeur de cheveux en quatre qui est Stendhal a décrits et classés, je comprends tout, j’excuse tout ; parfois même j’envie…

Mais ce qu’il préfère, je crois, c’est une espèce d’amour en même temps idyllique et mondain, franchement sensuel, mais relevé d’un peu d’illusion, de rêve, d’ « idéal » (ce mot revient souvent sous sa plume), l’Oaristys de Théocrite dans un salon de nos jours. Une pervenche intacte fleurit au cœur éternellement jeune de ce Parisien cuirassé d’expérience, durci au feu de la vie de Paris. Il a écrit de très belles pages