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II

HENRY FOUQUIER


Un bouddhiste me dit :

— Cette série de chroniqueurs est sans intérêt. S’il est vrai que le dernier effort de la critique soit de définir les esprits, elle ne serait pas malavisée de laisser de côté les journalistes. Car on ne les peut définir qu’en bloc, étant tous semblables les uns aux autres et à peu près indiscernables (sauf quelques-uns que l’on caractériserait suffisamment en quelques lignes). Il y a à cela plusieurs raisons. D’abord la besogne du journalisme souffre merveilleusement une certaine médiocrité d’esprit. Elle la réclame presque et quelquefois elle la donne. Puis on sait où et comment se recrute, en grande partie, la rédaction des journaux. De bons jeunes gens, de plus de prétention que de littérature, qui auraient pu faire d’excellents notaires ou des commerçants habiles, s’imaginent (ô candeur !) que rien n’est plus beau, plus noble ni plus agréable que d’être imprimé et lu tous les jours. Ils veulent « entrer dans un journal » ; ils finissent par y entrer et ils y montent en grade à peu près comme dans un ministère. Là ils écrivent toute leur vie les choses quelconques qu’ils sont capables d’écrire. Qui en a lu