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trième : «Je ne crois pas trop m’avancer en affirmant que Paris est le foyer des arts. » Et dans l’intervalle de ces phrases, rien, des mots. L’article est fait.

Tel est le procédé pour les chroniques à idées générales. Pour les chroniques à anecdotes…, c’est encore la même chose. L’écrivain raconte n’importe quoi et ramène de temps en temps un thème, un refrain. Voici le refrain d’un article sur M. Rochefort (La Gloire à Paris) : 1º « L’action très grande de Rochefort est dans cette belle gaieté qui est le fond de son tempérament vraiment français » ; — 2º « Rochefort est un des rares Parisiens de l’ancien temps qui ait conservé dans l’âge mûr cette belle insouciance et cette bonne humeur qui furent autrefois les qualités maîtresses de la race française. » (Je pense qu’il faut entendre : « Rochefort est un Parisien de l’ancien temps, un des rares Parisiens qui aient conservé », etc.) ; — 3º « Chacun dans sa sphère plisse le front… Je ne vois plus guère que Rochefort qui ait conservé la gaieté de la vieille race française » ; — 4º « Après avoir exaspéré beaucoup de ses contemporains par la violence excessive de ses écrits, il les ramène aussitôt à lui par les éclats de sa gaieté si française. »

Pour Offenbach, le refrain est : « Quel artiste ! » Rien de plus ; cela dit tout. Ainsi M. Homais parlant du ténor Lagardère. Ainsi, dans Bouvard et Pécuchet, le médecin dit à Pécuchet en lui donnant une petite tape sur la joue : « Trop de nerfs…, trop artiste ! » Artiste ! vous entendez dans quel sens vague, mystérieux et