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  Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,
  N’ira plus de ses vœux importuner le sort.
  Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
  Un asile d’un jour pour attendre la mort…

  Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile…

  Oui, la nature est là, qui t’invite et qui t’aime !
  Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours.
  Quand tout change pour toi, la nature est la même,
  Et le même soleil se lève sur tes jours.

Vous êtes à la campagne. Vous retrouvez dans un coin de bibliothèque un vieil exemplaire des Méditations. Il y a, à la première page, une vignette qui représente un long poète en redingote sur un promontoire, les cheveux dans la tempête, ou un ange en robe blanche qui porte une harpe. Couché dans l’herbe, au pied d’un arbre, vous lisez les strophes que je citais tout à l’heure, ou d’autres aussi belles ; et le soleil, à travers les branches, jette sur la page des taches lumineuses et mobiles. Là-dessus, le « piéton » vous apporte le Figaro du jour, et vous parcourez, je suppose, le « Courrier de Paris » de M. Albert Wolff. Eh bien ! je vous promets une impression singulière. Je gagerais que la chronique de M. Wolff vous sera profondément indifférente et que, ainsi prévenu, la vanité de beaucoup d’autres choses vous apparaîtra très clairement.

J’ai eu, sans la chercher, une impression de cette espèce, m’étant donné la tâche de parcourir d’affilée cinq ou six volumes de chroniques parisiennes, cepen-