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verneur de dix-sept ans tout le mérite des mesures qu’il prend et des rapports qu’il signe. Ici, bien que son père l’entretienne maigrement et refuse même un habit neuf au gouverneur de Bourgogne, le pauvre enfant respire un peu. Il va dans les bals, dans les mascarades, il joue, il « passe joyeusement son temps ». Son père avait eu soin de le flanquer d’un nouveau jésuite, le P. Mugnier ; mais ce jésuite était un brave homme qui calmait M. le Prince quand le petit duc avait trop perdu au jeu et qui avait pour son élève d’assez grandes tolérances, comme on le voit par ce passage impayable d’une de ses lettres : « Quelques scrupuleux de Dijon, même de nos Pères, m’ont reproché tels divertissements (les mascarades) à cause du masque. Je me suis défendu par bonnes raisons dont l’une est la modestie que M. le duc m’a promis de garder en telles actions. » Et M. le duc d’Aumale ajoute, non moins plaisamment : « Il y a lieu de croire que M. le duc tenait sa promesse. » Vous pensez bien que, pour moi, je me garderais bien d’en douter.

Mais ce bon temps ne dura guère. Son père, en homme avisé, lui fait épouser Mlle de Brézé, une petite fille chétive et insignifiante, mais nièce du tout-puissant cardinal. Heureusement le duc d’Anguien s’en va peu après comme volontaire au siège d’Arras. Dès la première rencontre, il se bat éperdument. « Après avoir tiré à bout portant ses deux pistolets, il désarme de sa main et fait prisonnier un capitaine de cuirassiers de l’empereur. » Nous savons par les témoi-