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dames », lui dit « qu’il n’était pas nécessaire de venir souvent ». Il est vrai qu’elle se ravise un peu après. C’est égal, la tendresse manque singulièrement dans cette éducation. À quinze ans, le duc d’Anguien n’avait pour ainsi dire pas vu son père ni sa mère. « En apprenant, en imposant le respect à son fils, dit M. le duc d’Aumale, Henri de Bourbon négligea de faire naître, de développer dans cette jeune âme certains sentiments délicats, de toucher certaines cordes qui n’ont jamais vibré dans le grand cœur de Condé. » À la bonne heure ! Mais quelles « cordes » ? Au moins l’apprendrons-nous dans les volumes suivants ? Trop de litotes et de prétéritions. Un jour, M. de Benjamin, directeur de l’Académie royale, se met d’accord avec le P. Pelletier pour empêcher le jeune duc d’aller à un divertissement chez sa mère : M. le duc d’Aumale a le courage d’avouer que « cette conspiration contre d’innocents plaisirs ne fut pas du goût de M. le duc » et que « pendant quelques jours M. de Benjamin n’eut pas à se louer de lui ». Mais tout de suite il ajoute, craignant d’en avoir trop dit : « Ce fut de courte durée. »

À dix-sept ans, le duc d’Anguien va prendre possession du gouvernement de Bourgogne en l’absence de son père. Il est vrai « qu’il fut réglé que le jeune gouverneur ne prendrait résolution sur aucun objet important sans l’avis d’un conseil dont son père avait nommé tous les membres ». Ce qui n’empêche point M. le duc d’Aumale d’attribuer pieusement à ce gou-