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  Fi ! les courts ailerons ! C’est une moquerie !
  À peine ils cacheraient nos deux cœurs à la fois.

Qu’est-ce que cela veut dire, et de quels ailerons s’agit-il ? — Oh ! tout simplement des ailerons d’une jeune fille. Vous entendez bien, c’est une jeune fille qui a des ailerons, et non point par métaphore, comme quand on dit à une femme du meilleur monde en lui offrant son bras : « Madame, vous offrirai-je mon aileron ? » Or, en tirant ces ailerons « vers le ciel », on peut les allonger. « Essayons ! » dit la vierge. Et on lui tire ses ailerons, et bientôt « ils mesurent trois coeurs à l’aise » ; puis ils en tiennent douze, puis cent, et enfin toute l’humanité pourrait s’y blottir. Et voici le mot de l’allégorie :

 … Sans retard volons à Dieu, ma belle !
  L’aiglon qui marche à terre est un oiseau, moins l’aile,
  Et l’amour, dès qu’il prend de l’aile, est charité.

Remarquez en passant qu’il n’y a que M. Soulary pour appeler une femme « ma belle » au moment où il lui dit solennellement : « Volons à Dieu ! »


IV

Assurément on découvrirait chez M. Soulary, si on voulait autre chose que ce que nous y avons vu. On discernerait même chez lui le Lyonnais : il a le mysticisme, parfois un anticléricalisme de canut ; et le sentiment révolutionnaire lui inspire des pièces violentes