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  On voit passer sous leur corsage
  Des frémissements convulsifs,
      Et leur regard dégage
      Mille rayons lascifs.

Des papillons qui ont des regards lascifs ! Et il les voit ! C’est de la poésie d’oiseau-mouche ou de libellule.

Je pourrais multiplier les exemples à l’infini, et cela m’afflige. Car ce ne sont point ici amusettes d’un moment, comme on en peut trouver dans Émaux et Camées ou dans les Chansons des rues et des bois. Ces amusettes sont presque toute la poésie de M. Joséphin Soulary. Quels sont, croyez-vous, les interlocuteurs d’une Querelle de ménage ? L’âme, le corps et la mort, tout simplement. L’âme et le corps se chamaillent en style familier et bourgeois, comme pourraient faire M. et Mme Denis sur l’oreiller conjugal. Vous sentez le piquant ? La Mort, qui passe, fait de l’esprit et les met d’accord. — Mais voici le « comble ». C’est un sonnet intitulé : la Belle-mère (encore ?), et où le poète développe cette pensée que, puisque nous sommes les époux de la Vie et que la Vie est fille de la Mort, nous avons la Mort pour belle-mère !

Vous avez vu, aux vitrines des boulevards, ces images ingénieuses, compliquées, ineptes, qui représentent de loin une tête de mort, et, de près, une nichée d’enfants ou le profil de Mme Sarah Bernhardt. Justement, non loin de ce chef-d’œuvre, s’étalent d’ordinaire Ma femme et Ma belle-mère, deux sujets qui se