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de suite ; et, à ce compte, quand nous serons douze, nous serons vingt-quatre, toute une armée pour mettre la peur en déroute. »

  J’y songeais, dis-je, ô ma Lucy !
  Mais vingt-quatre est un bien gros nombre :
  Moitié, c’est déjà grand souci,
  Même en lui retranchant son ombre.

Et patati et patata. C’est joli assurément. Encore peut-être n’est-ce que gentil.

La Gypsie est encore une pièce qui commence par de beaux vers sonores et colorés et qui se termine par une toute petite chute, plus ridicule que risible. La gypsie est la personnification de la nature, de la poésie, de la liberté, de l’amour aventureux, de la sainte bohème. Le fou qui la suivrait, dit le poète, serait pauvre, honni des bourgeois, et se damnerait. « Il perdrait la sainte chimère de l’hyménée éternel, — mais il n’aurait pas de belle-mère !  »

La nature, adonisée, a des frisettes, essaye des mines et fait la petite folle. Voyez ce que devient le large et magnifique printemps de Lucrèce ou de Virgile, le divin embrassement de Jupiter et de Cybèle. Le Soleil et la Terre échangent des petits vers. Phébus, faisant des jeux de mots, dit à sa petite femme : Ave, Maïa. Et elle l’appelle « bel ange » et « époux enjoué ». Ailleurs,

  La terre est la fiancée
      Du gentil soleil ;
  La nouvelle en est criée
      Par Avril vermeil ;