incertitudes de langue ou des sacrifices à la rime). Et je ne parle pas non plus des simples mignardises, qui sont innombrables. Toute fille est fillette. Tout est petit, mignon, coquet et coquin ; et le cordonnier de Persépolis, faisant des brodequins pour sa maîtresse, qualifie ses pieds d’« espiègles » et de « gentils bourreaux ».
III
Il est donc fort singulier que ce soit M. Soulary qui ait écrit ce vers :
Le sentiment du beau, c’est l’horreur du joli.
Eh ! qu’entend-il par le joli ? Est-ce que vraiment il croit avoir jamais aimé et cultivé autre chose ? Au reste, il a bien tort de creuser un tel abîme entre le joli et le beau ; car le joli n’est déjà pas si laid, et c’est peut-être le beau dans le tout petit, à moins que ce ne soit la coquetterie du tout petit dans le beau.
Toute chose, en passant par les mains de M. Joséphin Soulary, se rapetisse, s’amignote, s’amenuise, s’amignardise. Parfois, des idées qui avaient de la grandeur ou des peintures commencées d’un trait net, ferme, saisissant, se tournent en gentillesse, en pointe, en badinage grêle et vieillot. Lisez la pièce intitulée Émotions nocturnes : la première partie en est fort belle. Un homme, longeant un bois, la nuit,