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tion peut même la rendre touchante : elle est dans le sentiment de la strophe et de tout le morceau. Elle n’en est point une partie nécessaire ; mais elle en est une partie harmonieuse et concordante. Il y a toujours, dans une strophe ou dans une phrase poétique, un ou plusieurs vers qui expriment ce qui devait être dit, et, tout autour, des vers qui traduisent des idées, des sentiments, des images accessoires et qu’on pourrait à la rigueur remplacer par d’autres. Ce sont donc, si l’on veut, des chevilles ; mais elles peuvent être agréables et sembler naturelles ; car, étant donnée la rime du vers qui exprime l’idée nécessaire, le vocabulaire est assez riche et les désinences des mots sont assez variées pour qu’il soit toujours possible de rendre, dans un vers de rime pareille, quelque idée dépendante et voisine. Je ne me plains donc pas de trouver des chevilles dans le sonnet de M. Soulary : je me plains seulement de leur nombre et de leur médiocre qualité. Elles ne valent pas ce qu’elles coûtent, voilà tout.

Quant à l’idée du sonnet, elle est ingénieuse et d’un effet sûr, et je ne me demande pas si le sourire de la mère qui enterre son enfant est aussi vraisemblable que les pleurs de l’autre. Sans cette opposition, plus de sonnet ; et ce qui a fait la fortune de celui-ci, ce ne peut être, nous l’avons vu, la perfection de la forme : c’est qu’il présente deux figures et deux tableaux qui se font pendant, comme ces chromolithographies accouplées dont l’une représente le Départ pour la chasse