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plus intéressant des sentiments, et de beaucoup, et même le seul digne d’intérêt. Et la vertu ne lui plaira qu’à la condition d’être excessive et héroïque. Amours passionnées, sacrifices sublimes, mœurs et décors aristocratiques, voilà les éléments essentiels du roman romanesque, et vous les retrouverez dans les délicieuses histoires de M. Octave Feuillet. Ce sont rêves de jeune fille très pure : je suis heureux et un peu fier de m’y être plu. Et je souscris pleinement à ce petit discours de la grand’mère de Charlotte d’Erra :

Ah ! mon Dieu ! ce n’est pas contre les idées romanesques qu’il faut mettre en garde la génération présente, mon bon monsieur, je vous assure… Le danger n’est pas là pour le moment… Nous ne périssons pas par l’enthousiasme, nous périssons par la platitude… Mais, pour en revenir à notre humble sexe, qui est seul en question, voyez donc les femmes dont on parle à Paris — je dis celles dont on parle trop ; — est-ce leur imagination poétique qui les perd ? est-ce la recherche de l’idéal qui les égare ? Eh ! Seigneur ! ce sont, pour les trois quarts, les cervelles les plus vides et les imaginations les plus stériles de la création !… Mesdames et mesdemoiselles, croyez-moi, ne vous gênez pas !… soyez enthousiastes, soyez romanesques tout à votre aise…

Et, comme je serais flatté que les anges enviassent mes larmes, j’approuve tout à fait ces lignes du Journal d’une femme :

Mais tu me restes, ma fille… J’écris ces dernières lignes auprès de ton berceau… J’espère mettre un jour ces pages dans ta corbeille de jeune femme, mon enfant ; elles te