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manciers qui a peint les mœurs mondaines avec le plus de grâce, de finesse et de compétence. Et, en même temps, il ressemble aussi peu que possible à l’auteur de la Morte. Il a un autre esprit, une autre philosophie, et l’on sent clairement qu’il est d’une autre génération. Tout cela nous apparaîtra à mesure que nous parcourrons ses ingénieuses études et nous permettra sans doute de définir son talent.


I

Ce n’est pas sans raison que Maxime Rivols s’alarmait tout à l’heure. La prévention est assez forte aujourd’hui contre les écrivains qui peignent les « gens du monde ». C’est d’abord qu’il y a tant de romans aimés des simples (et je ne parle pas seulement des romans-feuilletons), où « le monde » nous est décrit avec des élégances qui rappellent celles des gravures de tailleurs ou de l’homme des « 100,000 chemises » ! Le plus agaçant des romans naturalistes, le plus précieux dans le grossier, est moins odieux que tel roman de mœurs mondaines. Et puis, qu’est-ce que le monde ? On le savait avec une quasi-certitude aux deux derniers siècles et peut-être sous la Restauration, et on pouvait dire où il commençait et où il finissait. Mais aujourd’hui ? Il y a le monde du faubourg Saint-Germain et du faubourg Saint-Honoré. Il y a la colonie étrangère du quartier de l’Arc de Triomphe. Il y