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ANATOLE FRANCE[1]

Est-il possible que j’aie failli reprocher à M. Weiss d’être un critique ondoyant et capricieux et de n’avoir pas dans sa poche un mètre invariable pour mesurer les œuvres de l’esprit ? Une des pensées favorites de Montaigne, c’est que nous ne saurions avoir de connaissance certaine, puisque rien n’est immuable, ni les choses ni les intelligences, et que l’esprit et son objet sont emportés l’un et l’autre d’un branle perpétuel. Changeants, nous contemplons un monde qui change. Et même quand l’objet observé est pour toujours arrêté dans ses formes, il suffit que l’esprit où il se reflète soit muable et divers pour qu’il

  1. Poèmes dorés ; les Noces corinthiennes ; les Désirs de Jean Servien, chez Lemerre. Jocaste et le Chat maigre ; le Crime de Sylvestre Bonnard ; le Livre de mon ami chez Calmann Lévy.