et Jean-Baptiste, qui ont mené de front les deux genres. Faut-il voir là quelque chose d’inexplicable ? Hé ! non, même en supposant qu’ils aient été aussi sincères dans la piété que dans la grivoiserie. Quoi de merveilleux à cela ? Nous ne sommes pas les mêmes à toutes les heures, et « je sens deux hommes en moi ».
Le cas de M. Silvestre semble à première vue plus extraordinaire et est, en réalité, encore plus simple. Sans doute, la distance paraît plus grande encore et plus surprenante entre la Vie des morts et Bertrade ou la Pince à sucre, qu’entre les psaumes de Marot et ses épigrammes. Mais, tandis que les psaumes n’appartiennent évidemment pas à la même inspiration que les épigrammes et que celles-ci ne mènent point naturellement à ceux-là, on peut affirmer, au contraire, que les vers lyriques de M. Silvestre et ses contes plus que gaulois forment comme deux courants de même origine et que, par exemple, la grossière sensualité des Contes grassouillets était déjà contenue dans la sensualité raffinée des Sonnets païens.
Les contes et les sonnets, c’est, à des moments différents, la manifestation du même sentiment originel le sentiment de la beauté génétique, c’est-à-dire de ce que la nature a mis d’attrayant dans les formes pour amener les hommes à ses fins. Quand M. Silvestre s’en tient à ce sentiment et s’y renferme, il écrit les Mariages de Jacques. Mais, après avoir senti les formes uniquement dans ce qu’elles ont de sexuel, on les aime