Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée

luptueux, lubriques, et parcourent avec agrément tous les degrés de l’impudeur. Les récits de M. Silvestre sont essentiellement scatologiques : c’est là sa marque.

Disons franchement que la plupart de ces historiettes ne valent pas le diable. Je ne pense pas que, sur une centaine, il y en ait plus de quatre ou cinq qui soient franchement drôles. Les choses dont il est question là dedans étant assez plaisantes par elles-mêmes pour ceux qui les aiment, le conteur ne se met pas en frais. Notons en passant deux ou trois de ses procédés, qui sont gros et d’un emploi facile.

Il baptise heureusement ses personnages. D’avoir appelé un amiral Le Kelpudubec et un diplomate grec Fépipimongropoulo, c’est bien quelque chose. Puis l’auteur, dans chaque récit, proclame avec tant d’insistance, de conviction et un tel luxe d’épithètes plantureuses son goût pour les grosses femmes, qu’il se peut bien que cela devienne amusant à la longue. Enfin, il se plaît souvent à exprimer des choses banales ou grossières sous une forme ultra-lyrique ou à mêler le style du « Parnasse » à celui des estaminets, et de là des contrastes d’un effet sûr. Je n’en veux qu’un exemple, choisi avec une extrême discrétion :

…Ce qu’il a passé de doigts frais et blancs aux ongles roses dans l’ébène aujourd’hui traversé de fils d’argent de ma chevelure n’est comparable qu’au nombre des étoiles. J’ai été littéralement grignoté de caresses. Mais de toutes les belles qui dévorèrent ainsi les roses vivantes