Et puis… et puis c’est toujours la même chose : vague panthéisme, vague souffrance, vague désespoir, vague ivresse, vague rêverie, vague chasteté, désir quelquefois vague et plus souvent précis, vagues images, amples, indéfinies, forme harmonieuse, mots sonores — quelquefois jargon sublime. De pensée dans tout cela, autant dire point. Le panthéisme de M. Silvestre n’a pas tout à fait la rigueur de celui de Spinosa, et son idéalisme ignore profondément la dialectique de Platon. Ce n’est qu’une rêverie magnifique et épandue.
Mais quelle floraison d’images, et combien belles ! Toutes éclatantes et indéterminées, et qui souvent font songer (qu’en dis-tu, Jacques Moulinot ?) aux images lamartiniennes.
Ton souffle égal et pur fait comme un bruit de rames :
C’est ton rêve qui fuit vers des bords enchantés.
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Je veux ceindre humblement, de mes bras prosternés,
Tes pieds, tes beaux pieds nus, frileux comme la neige
Et pareils à deux lis jusqu’au sol inclinés.
(Remarquez-vous que « bras prosternés » et « frileux comme la neige » sont des expressions bizarres et douteuses, qu’il ne faut pas trop presser non plus la comparaison des lis renversés, et qu’avec tout cela — ou j’ai la berlue — ces trois vers sont très beaux ?)
On dirait que la Terre a bu le sang des lis.
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Les charnelles senteurs des verdures marines
Suivent le long des flots le spectre de Vénus !