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chant extatique et lamentable. Rosa est magnifiquement, impassiblement et implacablement belle. Lui s’enivre de la beauté des formes ; mais il aspire à quelque chose par delà. Hélas ! cette beauté parfaite n’a point d’âme, et c’est l’âme aussi qu’il voudrait étreindre… En attendant, le Désir du poète adore à genoux la Beauté de la femme. Qu’en dites-vous, commandant Laripète ? Tout cela très large, très sonore, très harmonieux, très vague, avec des ressouvenirs du panthéisme indien, de l’art grec et de l’idéalisme de Platon, et çà et là, parmi l’enchantement des nobles et vastes images, le cri soudain de la chair ardente. Et cela s’appelle Sonnets païens, et c’est assurément une des plus belles « séries » qu’ait produites le « Parnasse contemporain ».

Puis le poète soupire des Vers pour être chantés, des romances où il y a des fleurs et des oiseaux comme dans celles que chantaient nos mères du temps de Louis-Philippe. Mais — ô puissance de la baguette magique que tes fées ont coutume de prêter aux poètes ! puissance du seul enlacement des mots et du sentiment qui les tresse et les enlace ! — elles sont adorables, ces romances où il n’y a rien que des rossignols, des lis, beaucoup de lis, des roses, des violettes, des raisins, des abeilles, l’aube, le crépuscule, l’automne et le printemps et, mêlée à toute la nature au point qu’elle ne s’en distingue presque plus, l’image de la femme aimée. Et c’est là précisément la secrète et pénétrante originalité de ces petits vers, de ces