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LES CONTEMPORAINS.


des bizarreries plastiques de l’histoire. Et même il y est revenu. Voilà longtemps qu’on nous annonce les États du diable et les Croisades et Jacqueries et quelques morceaux en ont paru, qui font regretter son peu de hâte à nous livrer les autres.

Néférou-Ra nous découvre un coin de l’antique Égypte. La Vigne de Naboth, Nurmahal, le Conseil du Fakir, Djiham-Ara, c’est la Syrie et la Perse, le monde juif et musulman. L’Espagne du moyen âge et la légende du Cid sont évoquées avec brutalité dans l’Accident de don Inigo, la Fête du comte et Dona Ximena. Je ne dirai rien de ces poèmes, sinon qu’ils partent de la même inspiration que ceux dont j’ai parlé et que la forme en est aussi parfaite. Je n’ai insisté que sur les parties principales de l’œuvre de M. Leconte de Lisle, sur les poèmes que l’on peut grouper et qui reproduisent les époques et les pays où il s’est longtemps complu. Et ces poèmes, j’ai moins cherché à les analyser et à les juger qu’à rendre l’impression qu’ils donnent.


VIII

Cette impression est différente, sur des sujets quelquefois semblables, de celle qui se dégage de la Légende des Siècles. Victor Hugo écrit l’histoire, non seulement pittoresque, mais morale de l’humanité. Il déroule cette histoire en une série de petites