dans l’adoration de la beauté physique. Viennent alors
les idylles, Glaucé, Klytie, Kléariste, la Source, etc., songes
d’amour enchanté, tout près de la nature, pleins d’images ravissantes,
presque sans pensée. Dirai-je qu’il manque à ces églogues, pour être
entièrement grecques, le « je ne sais quoi » que Chénier seul a connu par
un extraordinaire privilège ? M. Leconte de Lisle a peu de naïveté, et il
serait naïf de s’en étonner ou de s’en plaindre.
VII
Mais la Grèce était trop petite pour contenir toute la race humaine, et c’est vraiment dommage. Plus loin, vers l’Occident et vers le Nord, s’avançait le flot des tribus voyageuses. Les plus durs, les plus robustes et les plus inquiets, dans leur besoin de mouvement et leur soif d’inconnu, allaient toujours devant eux, jusqu’aux régions du brouillard et de l’hiver.
Vieillards, bardes, guerriers, enfants, femmes en larmes,
L’innombrable tribu partit, ceignant ses flancs,
Avec tentes et chars et les troupeaux beuglants ;
Au passage entaillant le granit de ses armes,
Rougissant les déserts de mille pieds sanglants.
Une mer apparut, aux hurlements sauvages….
Et cette mer semblait la gardienne des mondes