Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/326

Cette page n’a pas encore été corrigée

par profession conservateur du passé. Il sera très sensible aux prix académiques, aux récompenses officielles. Vous avez tous rencontré de ces abbés lauréats qui prennent tous les membres de l’Institut au sérieux, enclins à respecter, en littérature comme ailleurs, les jugements qui se formulent par voie d’autorité, d’un amour-propre littéraire très éveillé et à la fois très ingénu, et où se révèle un fond, sinon d’humilité, au moins de docilité chrétienne, de soumission aux puissances constituées, — toutes, et même celles que signalent les palmes vertes, émanant en quelque sorte de Dieu lui-même.


V

Après les humbles, voici venir les orgueilleux. Le prêtre doit à Dieu plus qu’un autre homme et se sent plus qu’un autre sous la main de Dieu ; mais en même temps il est ministre de l’Éternel ; il est élevé par l’onction sacerdotale fort au-dessus des laïques, même au-dessus des grands de l’esprit et des puissants. En sorte que la conscience qu’il a de cette élection surnaturelle peut également développer en lui, selon son caractère, l’humilité ou l’orgueil. Il arrive même que les deux sentiments se rencontrent chez lui à la fois, et c’est ce qui rend souvent si énigmatique, aux yeux de ceux qui ne sont pas avertis, la conduite de certains « oints du Seigneur » dans les