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est délicieux, d’une franche poésie, familière et pénétrante. Et quelle trouvaille que « ces tasses de M. l’abbé Combescure » qui reviennent régulièrement dans toutes les circonstances solennelles ! Voulez-vous un fragment de dialogue qui vous donne le ton et l’accent de cette idylle ecclésiastique ?

…Et M. le vicaire Vidalene, auquel, pour obtenir son appui, j’ai rappelé les menus services que je lui rendais au grand séminaire, que pensera-il, lui ?…

Mon oncle continua, scandant chaque mot :

— Ce n’est pas mon miroir à barbe seulement que je lui prêtais, mais aussi mes rasoirs, ma savonnette, mon plat et souvent mes livres. Vous savez Marianne, la tache qui est à la page 240 de mon Theologiæ cursus completus ? Eh bien, c’est lui qui l’a faite ; M. l’abbé Clochard me le dénonça…

Pour comble de naïveté, le bon curé écrit, sur un beau cahier bien relié, une Vie de son patron, le pape Célestin : « Vie de saint Célestin, pape, par l’abbé Célestin, curé-desservant de la paroisse des Aires…, membre correspondant de la Société archéologique de Béziers, auteur d’une notice sur l’Ermitage de saint Michel archange. » Et toujours la mention de ce grand ouvrage revient, comme celle des tasses de M. l’abbé Combescure. Vous reconnaissez là l’espèce ingénue des curés archéologues et écrivains qui, avec les anciens magistrats et les anciens notaires, assurent le recrutement des académies de province. Le prêtre qui écrit sera volontiers archéologue, étant