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de commun avec les « airs détachés » d’un homme du monde ; l’humilité même les lui interdit.

M. Ferdinand Fabre a su placer l’abbé Célestin dans les conditions les plus propres à mettre au jour et à montrer sous toutes ses faces cette délicieuse naïveté ecclésiastique.

L’abbé Célestin, desservant de la paroisse des Aires, atteint de phtisie laryngée et obligé de demander son changement, est envoyé à Lignières-sur-Graveson, dans un climat plus doux. Mais il a pour doyen son ancien condisciple, l’abbé Clochard, qui est devenu son ennemi depuis que l’abbé Célestin, dans un concours ouvert par la Société archéologique, a emporté le prix sur son envieux confrère. Or l’abbé Célestin rencontre à Lignières une fille très pieuse, très pure et très innocente, Marie Galtier, une de ces pastoures à qui la sainte Vierge apparaît quelquefois. Mais ici ce n’est pas de vision qu’il s’agit. Pendant un pèlerinage qu’elle fait avec monsieur le curé, Marie est assaillie et mise à mal par des ermites et par un santi-belli (marchand de statuettes et d’objets de piété), et elle est si parfaitement ignorante qu’elle ne se doute point de ce qui lui est arrivé. « Ils l’ont renversée, dit-elle, et l’ont mordue partout. » Quand elle sait son malheur, elle s’enfuit et parcourt longtemps la montagne. L’abbé Célestin et l’officier de santé Anselme Benoît la retrouvent, une nuit, dans une vieille tour abandonnée. Elle est proche de son terme : le curé la recueille au presbytère, et c’est là