Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/288

Cette page n’a pas encore été corrigée

six groupes qui porteraient les noms des pays ou des milieux qu’il a le mieux connus et où il a fait ses plus longs séjours : Nîmes et la Provence, l’Algérie et la Corse, Paris enfin, Paris bohème, Paris populaire, Paris mondain, Paris interlope, Paris pendant le siège. Et sous ces différents chefs se rangeraient aussi les morceaux dont ses grands romans sont faits, si on prenait là peine de les décomposer. La Provence remplit presque toutes les Lettres de mon moulin ; Paris sous ses différents aspects est le sujet de presque tous les Contes du lundi et de la plupart des Études qui suivent Robert Helmont. Dans ces deux livres la Corse et l’Algérie se glissent çà et là. L’Algérie et la Provence se partagent Tartarin. À mesure que M. Alphonse Daudet avance dans son œuvre, Paris, c’est-à-dire la modernité, l’attire davantage : d’abord le Paris tragique, touchant ou grotesque du siège ; puis le Paris de tous les jours et tous les étages de Paris, du haut en bas (Voyez Mœurs parisiennes et les Femmes d’artistes). Cela le mène tout doucement à ses grands romans parisiens. Déjà il nous raconte le Nabab en cinq ou six pages et, tout à côté, la mort du duc de Morny. Déjà le futur bourreau du petit Jack montre, dans le Credo de l’Amour, sa grosse moustache, son œil bleu et dur et sa face de mousquetaire malade.

Il serait fort difficile d’analyser ces petites pièces. Mais peut-être n’est-ce pas assez de dire que ce sont de purs joyaux et de s’en tenir là. Comment donc