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-Scribe » un « ferment divin où Scribe fournissait la magie des situations et Auber la magie de l’expression ».


V

Nous connaissons donc à présent les goûts dominants de M. Weiss et quelque chose même de son caractère. C’est d’abord une passion très vive, à la fois sincère et étudiée, pour certaines formes particulièrement élégantes de l’esprit français et pour les périodes où cet esprit a montré le plus de finesse et de grâce et aussi le plus de générosité. M. Weiss veut que cet esprit ait sa poésie, égale ou supérieure à toutes les autres.

Angle et Saxon, rends-toi (c’est M. Taine qu’il interpelle avec cette furie) ! Car enfin ose me soutenir que tes pirates saxons, avec ces affreux chants de guerre dont tu as infesté ton Histoire de la littérature anglaise, sont plus poètes que Regnard ! Ose encore définir la poésie comme Villemereux, en sixième, nous définissait l’ivresse : une courte folie. Écoute ceci, et dis-moi si l’esprit, le pur esprit, l’esprit tempéré et fin, l’esprit qui se contient et se gouverne, la plus intime essence de nous-mêmes enfin, gens de Paris, de Gascogne et de Champagne, ne peut pas être une source de poésie tout aussi bien que l’imagination exaltée, les passions furieuses, le cœur qui se ronge et l’hypocondrie !