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toutes ses sorties contre les « notaires » de la Comédie-Française. Dans les portraitures d’acteurs et d’actrices il est impayable. Et d’un sans-gêne ! Ce rédacteur d’un journal austère déshabille radicalement Mlle Marsy et Mme Paul Mounet, les détaille, les examine membre par membre. C’est d’une indiscrétion de talon rouge. Rappelez-vous aussi le petit croquis plus discret et non moins réjouissant de Mlle Alice Lavigne :

Est-ce du talent ? est-ce du chien ? Elle laisse tomber sa parole comme un plomb, elle lance sa jambe en équerre, elle jette et présente la main avec des circuits caressants de pattes de homard, et tout cède à des manières si distinguées ! Elle vous a des audaces d’une tranquillité ! et des surprises d’une effronterie ! et des ingénuités d’un raffinement ! Ça empoigne, ça assomme, ça abrutit. Je voudrais la voir, une fois, jouer l’École des femmes et la Chercheuse d’esprit. »

Parmi toutes ses autres originalités, M. Weiss s’est donné celle de traiter l’École normale de prison. «…Pour intellectuelle que soit une prison, c’est toujours une prison… La plus belle, la plus féconde, la plus riante de nos facultés, l’imagination s’y attriste… » Il ne nous paraît pas que la sienne se soit fort attristée à l’École, ni que cette prison l’ait comprimée plus qu’il ne fallait. Avec une syntaxe irréprochable, une extrême propriété de termes, un vocabulaire excellent, il vous a des hardiesses de style qui vont très volontiers (oh ! ce n’est point un reproche) jusqu’au mauvais goût le plus authentique et jusqu’au précieux