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de celle de Bouchardy et de d’Ennery que de celle de Racine et de Corneille. » Et il ajoutait : « N’en rougissons pas pour Sophocle : qui sait ce qu’eût été Bouchardy si, en ses jeunes ans, il avait grandi, comme Sophocle, sous l’aile de la muse, » etc.

Vous voyez comment sous cette plume une impression juste et neuve s’enfle, s’exagère, se tourne en fantaisie. M. Weiss a l’admiration naturellement hyperbolique. — Tout le monde convient que l’exposition de Bajazet est des plus habiles : si M. Weiss la rencontre en chemin, elle devient la merveille unique entre toutes ». — On sait que Perrault fut un esprit curieux et original, et nous goûtons tous la grâce parfaite des Contes de fées. Mais, pour M. Weiss, Perrault est « l’un des beaux génies de son siècle ». Les quarante pages des Contes sont « les plus nourries de choses et de notations diverses, les plus légères d’allure qu’on ait écrites dans notre langue ».(M. Weiss fait une terrible consommation de superlatifs absolus.) Puis voici un mystère : « Perrault en écrivant les Contes, fit du pur moderne… Oh ! que tout dans ces contes est bien en effet spontané et moderne ! » Pourquoi « moderne » ? en quoi « moderne » ? C’est que « moderne » est piquant. Nous voyons un peu après que « Perrault contraste avec l’ensemble du XVIIe siècle en ce qu’il est en ses contes un poète de la maison, des choses familières, domestiques, intimes, comme de l’enfance ». C’est sans doute en cela qu’il est « moderne ». Mais l’est-il donc à l’exclusion de tous ses