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et, après une longue interruption, Augier. » Destouches dans la grande série ? C’est bien extraordinaire ! Et pourquoi cette interruption si longue dans la grande série ? Et qu’est-ce qu’il faut donc pour être de la grande série ? Car M. Weiss oublie de nous le dire. — Il déclare un peu plus loin que, seul parmi les poètes du XIXe siècle, Augier « trouverait grâce devant La Fontaine et Parny ». La Fontaine et Parny ? comme on dit : Corneille et Racine ? Et ce n’est point un lapsus, car ailleurs il appelle Parny « l’un des poètes les plus absolument poètes de la littérature européenne…, Parny, ce délice ». Bien étrange, cette exaltation de Parny ! Et si vous croyez que M. Weiss se soucie de nous l’expliquer ! — Au reste, ce fervent de Parny est ravi, transporté par la Tour de Nesle, non seulement par le drame, mais par le style. « Le récit de Buridan : En 1293, la Bourgogne était heureuse, est comme le récit de Théramène du grand Dumas. L’ampleur du tout y est superbe et chaque phrase y produit sensation. » Voyez-vous M. Weiss frémir devant « la noble tête de vieillard » ? — On se souvient qu’il y a quelques années, quand la Comédie-Française donna Œdipe, tout le monde fit cette réflexion que c’était un excellent mélodrame. Mais personne ne le cria plus haut que M. Weiss : « C’est du d’Ennery ! c’est du Bouchardy ! Cela ressemble à la Tour de Nesle, à la Nonne sanglante, à Lucrèce Borgia ! Œdipe parle comme Didier et Buridan !… La dramaturgie de Sophocle est en réalité beaucoup moins éloignée