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toujours ces conditions. Il a continuellement des opinions particulières, et il semble qu’il s’applique à les avoir aussi particulières qu’il se peut. De plus, ces opinions particulières, je ne dirai pas qu’elles sont quelquefois contradictoires, mais enfin on ne voit pas toujours comment elles s’ajustent entre elles ni comment elles pourraient se rattacher à quelque théorie générale de l’art. Lui-même, la plupart du temps, ne prend pas la peine de les motiver, comme s’il craignait d’en diminuer par là le piquant. M. Weiss a tout ce qu’on voudra : l’esprit, la sagacité, la profondeur ; mais, par-dessus tout le reste, il a « l’humeur » au sens où on l’entendait au siècle dernier. Il est très souvent « l’homme qui a des idées à lui » et qui serait fâché qu’elles fussent à d’autres.


II

Je feuillette ses chroniques : elles sont gaies, charmantes, ingénieuses, éloquentes. Quand il veut bien démonter une pièce, c’est merveille comme il en dégage l’idée première, comme il en saisit le fort et le faible, comme il met le doigt sur le point où le drame dévie. S’il est obligé de répéter après d’autres des vérités connues, il semble qu’il les découvre, tant il sait les rajeunir par la vivacité de l’impression, par le style, par l’accent. Son érudition littéraire et historique est considérable et des plus sûres : elle lui