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qui n’y veulent point de « littérature ». Pourquoi donc en demandent-ils au théâtre ?

La vérité, c’est que jamais le public n’a été moins homogène qu’aujourd’hui, que jamais la distance n’a été aussi grande entre le « peuple » et les « habiles ». Ces questions que je viens d’indiquer ne se posaient guère pour les Athéniens. Tous, je crois, prenaient la même sorte de plaisir à une comédie d’Aristophane ou à une tragédie de Sophocle. Il faudrait aujourd’hui deux esthétiques du théâtre : celle des simples et celle des malins. M. Sarcey a merveilleusement écrit la première. Je ne tenterai même pas d’esquisser la seconde : tout me fuirait entre les doigts et je serais fort embarrassé de fonder des règles sur des caprices de dégoûtés.

Où M. Sarcey échappe presque à toute critique, c’est dans les fragments qu’il a écrits çà et là de l’histoire du théâtre. La genèse de l’opérette, la définition du genre, les causes de son éclosion, de son succès, de sa décadence, voilà, pour n’apporter qu’un exemple, ce qu’il a déduit et exposé dans la perfection.

Les origines de l’opérette, il les voit dans l’opéra-comique et dans le vaudeville à couplets et il nous fait brièvement l’historique de ces deux variétés :

Mais, ajoute-t-il, ne me demandez pas à quel jour précis elles se sont constituées… Je me souviens qu’un des étonnements de mon enfance, c’était que, par un jour d’orage, on ne se trouvât jamais sur la limite exacte où