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ne s’apercevant pas que l’expression même qu’il emploie rend l’éloge douteux. « Sophocle nous trompe, il nous met dedans. C’est le métier, entendez-vous ? c’est le métier de l’écrivain dramatique. » — « La scène est superbe, écrit-il à propos de la Tour de Nesle, absurde si l’on veut parce qu’elle est d’une invraisemblance monstrueuse, mais superbe ! » Eh bien, justement, M. Sarcey aime trop la Tour de Nesle.

Il me semble aussi qu’il aurait pu distinguer plus qu’il n’a fait entre les conventions qu’impose la forme même du drame et celles qu’imposent les préjugés, les habitudes, l’éducation du public. Autant de conventions qu’on voudra dans l’action ; le moins de conventions possible dans les personnages. Mais on dirait que pour M. Sarcey il n’y en a jamais trop ! Les genres qu’il préfère sont ceux qui en entassent le plus, par exemple le mélodrame, qu’il adore. Les tentatives originales l’ont presque toujours trouvé hostile ou défiant :

Je vois avec chagrin Meilhac et Halévy se préoccuper de moins en moins, à mesure qu’ils prennent plus d’autorité sur le public, et du choix du sujet et des situations dramatiques qu’il comporte. Ils semblent ne plus attacher qu’une médiocre importance à ce point, qui avait été jusqu’ici pour les écrivains de théâtre le point capital… Le sujet leur est, je ne dis pas indifférent ; mais, s’il prête à des développements de morale et d’esprit, il ne leur en faut pas davantage ; ils ne se piquent point d’émouvoir cette curiosité, qui pour eux sans doute est vulgaire et brutale, qu’excite un roman dont on veut savoir