Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/245

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pécuchet). — S’il s’agit de questions morales, le public a sa solution toute prête, celle que l’usage et quelquefois l’égoïsme ou l’hypocrisie sociale ont consacrée. Tandis qu’il se récrie de pudeur pour quelque brutalité d’observation, il lui arrive d’opposer aux générosités de l’auteur dramatique une résistance entêtée de pharisien. On sait combien l’ont fait regimber certaines conclusions de M. Dumas fils.

J’ai noté quelques-unes des constatations de M. Sarcey, les principales, je crois ; mais je ne puis les enregistrer toutes ni surtout suivre le critique dans son infini travail d’expériences et d’applications.

En résumé, une pièce de théâtre ne peut donner l’illusion de la réalité que par un système de conventions dont les unes lui sont imposées par sa forme même et les autres par le public.

Tout cela, dira-t-on, fait quelque chose d’assez grossier. De toutes les représentations que l’art nous donne de la vie, celle-là est assurément la moins propre à satisfaire les délicats. Une peinture nécessairement grossie et incomplète ; des invraisemblances inévitables ; un style qui n’admet point certaines finesses ni certains ornements ; une morale convenue ; des personnages en grande partie artificiels ; des concessions perpétuelles à la vulgarité d’esprit de la foule, à ses préjugés, à sa sensiblerie… est-ce encore de l’art seulement ? est-ce de la littérature ? — Au reste, ne remarquez-vous pas une chose ? Quelques-uns des dramaturges de notre temps peuvent être de